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Les Aventures

d'Olivier B. Bommel et Tom Pouce

D'après les bandes dessinées originales de

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Quérulain Xavérius, Marquis de Chanteclair de Basse-Cour

Date de naissance : inconnue
Lieu de naissance : Château Troubleau ?
Date de décès :  inconnue. Peut-être encore parmi nous
Occupation : poète
Recueils de poésie :

  • Le chant du coq (1987), préfacé par Marten Toonder
  • Années ailées (1989), préfacé par Marten Toonder
  • L’intégrale de l’œuvre poétique (1997), augmenté de poèmes redécouverts ou inédits avec épilogue de Martin van Amerongen

Quérulain Xavérius Marquis de Chanteclair de Basse-Cour, le poète errant de Saint-Glays, ne figure dans aucune anthologie poétique mondiale ou nationale. On pourrait le compter parmi les oubliés – un sort qui échoit à de nombreux poètes qui préfèrent travailler à  leur œuvre dans un isolement tranquille. Et s’il ne tombe pas totalement dans l’oubli, on se souviendra probablement de lui comme l’exemple typique d’un poète inhibé, un chanteur de vers inachevés en raison de son rôle dans la saga bommélienne où, par les actions des protagonistes, en particulier celles de monsieur Bommel lui-même, il a rarement eu l’occasion d’exprimer pleinement ses idées et ses inspirations.

L’injustice de cette image est démontrée par la publication récente de son Recueil de Poèmes, dans lequel sont rassemblés tous ses poèmes de maturité : trente-quatre vers au total, dont certains ont déjà paru dans Années Ailées et Le Chant du Coq complétés par pas moins de sept poèmes inédits. Le portrait en couverture peut être considéré comme un bref et saisissant résumé de cette œuvre. Il y lève la plume d’oie de la main droite tandis que la main libre, avec le petit doigt levé, tient la feuille encore vierge en position. Une grosse goutte d’encre tombe déjà sur la page symbolisant l’imagination en voie de se libérer.

Deux tendances se manifestent constamment dans son œuvre : l’éternel chercheur de l’illimité, qui malheureusement se perd en chemin et passe à côté et le poète toujours en alerte, comme en témoigne sa vigilance à l’égard de la racaille. Dans son Chant de rébellion le marquis note :

Elle connaît point de bornes,
la rage de la racaille
et tout gratuitement
mes roses sont maltraitées …

L’œuvre du marquis de Chanteclair peut être divisée en deux parties. Dans Années ailées, le côté léger, voire légèrement absurde, du poète est amplement représenté. C’est l’époque de “Barlemagne” :

C’était tout grolle et rougeardant
Et même languisammant touffant
En lures et lores étires …

Sur la base de ce jeu de sons, de Chanteclair a été considéré comme faisant partie du mouvement des cinquante. Il existe en effet des similitudes frappantes avec, par exemple, l’œuvre du poète belge Lucebert.

De Chanteclair peut également être vu comme un représentant, quoique atypique, de l’école dite de Saint-Glays. Sa devise ‘Je vais mon propre chemin, mon esprit me sert de guide, s’est révélée pleine de sens dans ce contexte.

Au fur et à mesure que l’œuvre progresse, la mélodie cède de plus en plus la place à une rêverie contemplative :

Mon chant fumasse dans l’ombre
Et tel un luth pleureur
Exhale des murmures sombres
En écharpes de vapeurs

Lassitude, langueur, douleur : ce sont les mots qui reviennent dans cette période. Dans ses “Four Last Songs”, le marquis conclut dignement son œuvre avec une impressionnante retenue.

La nuit s’approche
Je la regarde
et je me sens creux
et plein de vide …

Bien que resté largement inconnu du grand public, avec ce recueil Quérulain Xavérius Marquis de Chanteclair de Basse-Cour revendique sa modeste place au panthéon des lettres. Une telle édition est toujours un peu comme la pierre tombale d’une œuvre. En publiant quelques-uns de ses poèmes nous espérons le sauvegarder de l’oubli.