Brûlant comme le feu
Par une soirée glaciale et âprement humide
Un homme frappe à ma porte, quémande une entrevue
Confus de voir le cour de mes pensées rompu
Et voulant éviter des courants d’air perfides
Je lui manifesta un absolu refus
Dans ma douillette bergère, près du feu installée
Aussitôt je repris mes douces rêveries
et méditais encore à une heure avancée
quand le bruit trivial de fenêtre cassée
brisa abruptement le silence de la nuit
Par la brèche pénétra un abject malotru
Les muscles fort enflés dessous du lin souillé
Salaud ! me lance-t-il d’une grasse voix éraillée
Où t’as caché ma femme ? Où est donc ma Lulu ?
Je quittai mon fauteuil, le toisant froidement
le geste modéré, le souffle régulière,
Mais je n’eus point le temps de tirer ma rapière
Car déjà il serrait mon plastron fermement
J’ai su sonner l’alarme, mon salut, quelle aubaine !
car un crime noblicide paraissait imminent
et brûlant comme le feu était la froide haine
qui lui tordait les traits infâmes et dégoûtants
Étant trop près du feu, mon habit roussissait
Mais comment desserrer les battoirs meurtriers
qui me serraient le cou, cherchaient à m’étouffer ?
Alors j’ai entendu des pas qui approchaient
Mon groom avait reçu mon appel de détresse
Après une brève courbette, il entra dans la pièce
Je lui intima l’ordre : aidez-moi ! … au secours !
Ce cri ne tomba pas dans les oreilles d’un sourd
Un coup sec retentit, le valet bien dressé
conclut la lutte féroce dans les règles de l’art
Encore sonné je vis le bandit s’écrouler
La gorge un peu serrée, j’ajusta mon foulard
Vite, dis-je, du champagne de la meilleure cuvée
L’exploit demande un toast à une si belle victoire