Élise
Comme lesté de tristesse, ainsi souffle la bise
Un crépuscule blafard se devine languissant
derrières de noires nuées au sombre firmament
Où puis-je vous trouver, ma tant aimée Élise ?
Une morne pluie fustige l’église tricentenaire
où je ne puis trouver le moindre réconfort
Les bougies vacillant dans les froids courants d’air
et l’orgue chevrotant brouillonnent un triste décor
Le cœur serré je sors, devant mes yeux s’étale
un nécropole funèbre où de vieux chênes trempés
plaintivement gémissent dans un vent déchaîné
qui s’attaque en rafales aux sombres pierres tombales
Une lueur bat en brèche, un ciel couleur de suie
et frôle une petite stèle, sur laquelle claque la pluie
Y brille un nom, Élise, et le cœur déchiré
longtemps je me recueille, meurtri, transi, trempé
Quel choc de vous savoir au-delà d’une si belle vie
où tant on s’est aimé, je vous ai tant chérie
Il ne reste que mes larmes, le feu est étouffé
et le vent éparpille mes plaintes angoissées
Combien m’attire la tombe où je pose mon regard
Combien je souhaiterais périr à vos côtés
Ma mie, objet unique de mes tendres désirs
La nuit déploie ses ailes et le vent fort hagard
s’attaque à ma pèlerine et tente de l’arracher
Mais je n’ai qu’un souhait : ne plus jamais partir
La cloche sonne les huit heures, hélas, il se fait tard,
je vous dis donc adieu ! Il est temps de rentrer
Ne laissons pas les plats de Régine refroidir